FleurDeLune
Niveau : 97 Messages : 169 Localisation : Montréal, QC
| Sujet: Comment devient-on loup-garou? Mer 8 Juin - 23:27 | |
| Comment devient-on loup-garou, selon on super et très intéressant article voila le liens mais j'ai copié pour faire simple http://www.france-jeunes.net/lire-loups-garous-25040.htm#null
Il faut bien discerner ici deux formes de mal, le premier voulu, il s'agit d'un individu malfaisant ou perturbé qui dans sa faiblesse mentale choisit de pactiser avec le diable en lui demandant de faire de sa vie diurne un désert et de sa vie nocturne une sublimation, en le changeant en loup et en l'assoiffant de cruauté et de furie, le rendant chaque jour, tour à tour homme et monstre à la fois. Ensuite le deuxième cas est involontaire, le plus répandu, il s'agit d'un homme blessé par un loup-garou, le sang et la salive de cet être contenant les germes du mal, l'homme infecté ne tarde pas à devenir une créature de la nuit incapable de contrôler ses pulsions, semant la terreur et la mort sur son passage jusqu'à ce que cesse la malédiction. Les différentes formes d'un loup-garou Trop de gens pensent qu'il n'existe qu'une forme de loup-garou, en fait c'est une erreur car il existe 5 formes de transformation, elle s'éffectue à chaque nouvelle pleine lune et ce pendant un cycle de trois jours (cycle lunaire), mais tout d'abord il faut bien encore discerner deux catégories de loups-garous, les infectés lucides de leur état ayant pactiser avec le diable et les infectés involontaires ayant survécu à une attaque. Pour les premiers la transformation à quelque chose de jubilatoire, une espèce d'extase où ils peuvent stopper le stade de leur aspect afin d'en tirer certains avantages, de plus ces derniers ne sont pas forcément soumis aux contraintes de la pleine lune, peuvent muter à chaque nuit et garde une partie de leur lucidité sous leur forme bestiale, pour les autres, victimes, la transformation est une étape extrêmement douloureuse où ils perdent totalement leur contrôle et se réveillent la plupart du temps amnésiques de leurs sanglantes nuits, nus au milieu des bois avec juste le goût métallique du sang dans la bouche. L'Hommidé Il est juste question de l'homme à l'état normal, mais étant infecté il reste un loup-garou, même le jour, ses signes caractéristiques sont avant tout physique car son mental ignore parfois l'infection, ses sourcils se rejoignent au dessus du nez, ses canines sont plus développées, ses cheveux sont épais et durs au milieu du crâne, son ouïe et son odorat sont très développés et sa présence inquiète la plupart des animaux (chats crachant, chiens aboyant, chevaux effrayés,...). Le Galbro, l'homme loup Son aspect physique change à la transformation il s'agit de la première étape de mutation, son poids augmente de 25% et sa taille de 10%, son corps se couvre de poils, ses mains s'allongent et deviennent griffus, ses oreilles se mettent en pointe, ses dents poussent, sa barbe s'allonge et sa musculature devient plus massive (d'où l'augmentation du poids), son ouïe et son odorat son très développés et il peut se faire comprendre d'une voie gutturale mais sa conversation n'excède pas quelques phrases. Cette transformation permet au loup-garou de rester assez discret sur son aspect physique, dans une ruelle sombre on ne peut quasiment pas le discerner d'un individu normal, sous cette forme le loup-garou maîtrise à peu près bien ses réactions et peut choisir ses victimes. (aspect visible dans le film WOLF) Le Crinos, le loup-garou La forme la plus connue et la plus bestiale, le poids augmente de 100% et la taille de 25% (ainsi un individu de 1,80 m et de 75 kg deviendra un loup-garou de 2,25 m et de 150 kg), son corps se couvre entièrement de poils et devient très musclé, ses mains et ses pieds s'allongent de 50% et se munissent de longues griffes coupantes, une queue touffue apparaît au dessus des fessiers, sa mâchoire s'allonge et devient un museau, ses dents se transforment en crocs acérés, et ses oreilles deviennent très longues et pointues, sa tête devient celle d'un très gros loup mais sur un corps "d'homme", le dialogue est quasi impossible sauf quelques mots prononcés d'une voie très gutturale (du genre : "toi mourir", "moi tuer",...). Sous cette forme le loup-garou est incontrôlable, sa capacité à tuer est énorme, sa rapidité et sa dextérité sont colossales, il se déplace soit debout soit en courant à quatre pattes et son ouïe et son odorat sont à un très haut niveau de performance, par contre il ne peut pas manipuler d'objets complexe sou se faire admettre dans une meute de loups sauvages pour en devenir le chef. (aspect visible dans le film HURLEMENTS de Joe Dante) L'Hispo, le quasi-loup La forme intermédiaire entre le Crinos et Loup, la taille reste celle du Crinos, le poids aussi, mais le loup-garou se déplace à quatre pattes, son aspect rappelle celui d'un loup normal mais qui serait d'une taille bien supérieur à n'importe quel loup du monde, son regard flamboie de cruauté et sa mâchoire est large et pourvue de dents énormes et très acérées. Sous cet aspect le loup-garou gagne en rapidité, en ouïe et en odorat, son appétit de sang est à son maximum, c'est une véritable machine à tuer, mais il lui est incapable d'intégrer une meute de loups et de manipuler quelques objets que ce soit. (aspect visible dans le film Le Loup Garou de Londres de John Landis) Le Lupus, le loup La forme finale de la transformation, le poids diminue de 125% et la taille de 25%, l'aspect général est celui du loup commun, le Canis Lupus, il en possède tous les attributs physique notamment ses capacités à entendre et à voir, il peut se fondre dans une meute et en devenir le chef, car malgré tout le loup-garou possède quelques facultés d'adaptation et de raisonnement supérieures à l'animal commun. Sous cette forme le loup-garou est plutôt calme, il choisit en général cet aspect lorsqu'il souhaite être oublié ou resté discret dans sa région, il chassera le gibier avec la meute ou en solitaire mais ne s'accouplera jamais avec une louve commune. (aspect visible dans le film Ladyhawke) Comment tuer un Loup-garou D'un point de vue physique, tuer un loup-garou nécessite quelques précautions, la plus connue des méthodes reste la balle en argent (plus efficace qu'une balle bénite) qui doit tout de même toucher un endroit mortel du corps du lycanthrope, faute de quoi ce dernier ne récoltera qu'une grave blessure. Il est important de signaler qu'un loup-garou tué par balle simple sous sa forme humaine peut revenir à la vie quelques heures plus tard et se transformer la nuit suivante. Il y a aussi deux autres méthodes efficaces, la décapitation et le feu. Décapiter un loup-garou est une méthode plus sûre que la balle en argent. Brûler un lycanthrope est aussi très efficace mais il n'y guère de chance de l'immobiliser sans risquer sa propre vie, il faut donc le piéger ou le brûler de jour sous sa forme la moins dangereuse. A noter, un loup-garou redevient presque immédiatement humain après sa mort, de même qu'une partie de son corps si elle est sectionnée redevient partie humaine au bout de quelques secondes, comme ce chasseur qui au moyen âge avait réussi à couper la patte d'une louve et après être rentré chez lui, avait retrouvé la main de sa propre femme dans sa gibecière. Pour l'église, un individu reconnu coupable de lycanthropie devait subir plusieurs supplices avant d'être conduit au bûcher : Mythe ou réalité Souvent la réalité rejoint la fiction, il est possible que des années de guerres et de famines aient pu provoquer quelques massacres, à cette époque il n'était pas rare de voir certaines personnes se livrer à des actes de cannibalisme allant même jusqu'à manger leurs propres enfants : Toutefois on ne peut pas renier leur existence dans les écritures, et si bon nombres de contes, de procès, de rumeurs, etc., mettent en cause les Lycanthropes, il appartient à chacun de faire son propre jugement, il faut juste ne pas ignorer qu'aujourd'hui la science tient pour impossible la lycanthropie sur un aspect physique mais reconnaît son existence dans les troubles psychologiques, toujours est-il qu'on raconte que ceux qui réfutent l'existence du loup-garou en sont quitte pour la peur, il parait même que certains soirs avant de s'endormir, ils entendent de longs hurlements... Auteur : Mr Belmas Voici içi un texte basé sur la métamorphose... Dans celui-ci, l'auteur traite des métamorphose normale, cependant, si celle-ci sont toute possible, pourquoi pas la métamorphose du corps humain en loup-garou ? l'image de ce qu'elle désigne, la notion de métamorphose est insaisissable : permanente et universelle, elle échappe sinon à toute définition – un "changement de forme", selon l'étymologie (du grec méta- : "au milieu", "à la suite de", d'où "changement", et morphê : "la forme") –, du moins à toute circonscription. La graine se change en fleur, l'œuf fécondé en être vivant, le galet en sable, l'enfant en adulte, le jour en nuit, la vie en mort, et ainsi de suite à l'infini. Ce mouvement généralisé nous est-il devenu aussi familier que nous aimerions le croire ? La pensée rationnelle a-t-elle vaincu nos croyances, chassé nos rêves ou nos cauchemars ancestraux ? Rien n'est moins sûr. Les premiers hommes durent être saisis de vertige et d'effroi face à ce gigantesque kaléidoscope. C'est pourquoi les récits de métamorphoses sont au cœur des cosmogonies sacrées. Mais, si notre civilisation a fait le choix du changement – que nous nommons progrès – et de la raison – que nous nommons réalité –, le thème de la métamorphose a continué d'obséder l'homme. En témoignent non seulement l'art et la littérature, mais aussi la science moderne (qu'elle soit exacte, comme la biologie, ou humaine, comme la psychanalyse), à laquelle on doit, à certains égards, la réactualisation de ce motif. Un mythe de la création du monde et des hommes Le mythe de la métamorphose – récit fabuleux mettant généralement aux prises les hommes et les dieux – est d'abord un mythe étiologique (du grec aitia, "cause") : il a pour fonction d'expliquer le monde, de lui donner un sens. Ainsi, à l'origine de telle plante, de telle pierre, de telle île ou de telle rivière, il y aurait la transformation d'une divinité. Rassurante, bienveillante, la métamorphose s'emploie ici à résorber l'étrangeté. En assignant aux choses une source humaine ou divine, l'homme reconstruit le monde à son image, et, par là même, il se donne la possibilité d'agir sur lui : si les animaux, les plantes, les phénomènes naturels qui me menacent ou dont je dépends sont des hommes ou des dieux transformés, je peux alors m'adresser à eux, par exemple par le truchement du sorcier, du prêtre ou du chaman, afin qu'ils me ménagent leurs faveurs, ou au moins m'épargnent leur fureur. Les mythes de métamorphoses étiologiques privilégient donc des éléments vitaux pour les sociétés dans lesquelles ils s'inscrivent : le feu (chez tous les peuples), la nourriture (la naissance du maïs chez les Américains), la nature (la baleine, l'ours ou le phoque chez les Esquimaux), etc. Mais, bien entendu, c'est de sa propre origine que l'homme a de tout temps été le plus curieux, le plus inquiet. Innombrables sont donc les mythes qui rapportent la création de l'homme (de tous les hommes ou, plus souvent, du fondateur du peuple, de la race, de la tribu) à une métamorphose. C'est le cas dans la Bible : "Yahvé modela l'homme avec la glaise du sol." (Genèse, I, 7), et, plus tard, "de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme." (Genèse, II, 21). Contre le chaos du monde, l'unité du grand Tout Le mythe de la métamorphose rassure à un autre titre : en rapportant à une origine connue ce monde apparemment incompréhensible, il lui confère également l'unité qui semblait lui faire défaut. Car, si les dieux et les hommes peuvent devenir des animaux, des végétaux, des minéraux, si même, de l'un à l'autre de ces règnes, de l'une à l'autre de ces espèces, les passages sont possibles, c'est bien que l'univers est homogène et cohérent. Ainsi, le mythe de la métamorphose proclame l'unité du grand Tout. C'est pourquoi on le trouve à l'œuvre aussi bien dans les religions syncrétiques (associant plusieurs types de croyances, du dieu unique aux esprits) comme l'animisme ou le panthéisme – pour lesquelles la nature, divinisée, est peuplée d'âmes, d'esprits – que dans les conceptions matérialistes d'un Lucrèce ou d'un Diderot, selon qui "tous les êtres circulent les uns dans les autres, par conséquent toutes les espèces [... ] tout est en flux perpétuel [... ] tout animal est plus ou moins homme ; tout minéral est plus ou moins plante ; toute plante est plus ou moins animal". (Le Rêve de d'Alembert, 1769). Dans ce monde de correspondances où se réalise la fusion de l'homme et de la nature, divinisée ou pas, la métamorphose n'est nullement un scandale, une anomalie ou un miracle, mais la manifestation même de l'harmonie universelle : c'est un changement témoignant d'un ordre, d'une permanence, d'une continuité dont, à y bien réfléchir, l'évolutionnisme darwinien n'est pas si éloigné. Se transformer pour échapper éternellement à la mort Permanence : le mot nous guide vers une autre signification, non moins fondamentale, du mythe de la métamorphose ; non contente de nous apporter le sens et l'unité, celle-ci nous offre de surcroît l'éternité. Dans les récits mythologiques, la transformation se révèle généralement définitive, et celui qui en est le bénéficiaire ou la victime échappe désormais à la fragilité humaine : dans Les Métamorphoses d'Ovide, Daphné, pour échapper à Apollon, se transforme en laurier, arbre à feuilles persistantes ; et la source-Byblis coulera éternellement ("Byblis reste étendue, muette, elle serre avec ses ongles les herbes vertes et arrose le ruisseau d'un torrent de larmes. Les Naïades en formèrent une source qui ne devait jamais tarir ; quelle faveur plus grande pouvaient-elles lui accorder ?"). Au reste, cet échec à la mort est inscrit, au moins potentiellement, dans l'idée même de métamorphose. Changer d'état, n'est-ce pas suspendre, comme par ruse, le cours du temps, à défaut de l'arrêter tout à fait ? En ce sens, toute métamorphose est bien une métempsycose (transmigration de l'âme). Étiologique, syncrétique, le mythe de la métamorphose est donc aussi un mythe palingénésique : un mythe de la résurrection. Mourir pour mieux renaître dans un autre corps, animal ou humain ; affirmer ainsi, par-delà le caractère éphémère de toute vie individuelle, la continuité de la vie ; franchir la limite qui sépare l'humanité de la divinité, au risque de la démesure : tel est le rêve humain par excellence. Ce pouvoir de vivre plusieurs vies, seuls le détiennent en effet les puissances supérieures et quelques rares élus qui en reçoivent la récompense (ou la punition) des dieux. Ou ceux qui, comme les acteurs, scandaleusement, se l'arrogent eux-mêmes. Les deux visages de la métamorphose Dans le monde antique, primitif ou merveilleux, on le voit, la métamorphose est à la fois courante, presque banale, et chargée d'une valeur plutôt positive. Même si elle apparaît souvent comme une arme cruelle, injuste, arbitraire, on n'en admire pas moins, autant qu'on les redoute, ses fascinants prodiges. Il est d'ailleurs frappant de constater que ceux qui possèdent ce don – dieux, magiciens, etc. – en usent à profusion, avec une sorte de jubilation extrême, une frénésie hors de proportion avec l'enjeu. Ainsi en va-t-il de Zeus-Jupiter dans la mythologie gréco-romaine (taureau, cygne, pluie d'or, mari même !). Ailleurs, on assiste à de véritables séries de métamorphoses, s'enchaînant à un rythme forcené. C'est le cas, par exemple, dans l'"Histoire du deuxième Saalouk" des Mille et Une Nuits, des transformations de Protée dans le chant IV de L'Odyssée d'Homère, de celles de Alberich dans L'Or du Rhin ou encore du combat entre Merlin et Madame Mime dans Merlin l'Enchanteur de Walt Disney ! Il y a pourtant une face plus sombre de la métamorphose. Dans le monothéisme judéo-chrétien, l'ordre réside moins dans l'homogénéité du grand Tout que, d'abord, dans la distinction et la classification. Dans la Genèse, Dieu crée les plantes, les bêtes, et l'homme, "selon leur espèce" (l'expression est souvent répétée dans le Premier Récit de la Création). D'intangibles mais imperméables frontières sont alors tracées, dont le franchissement constitue une faute grave. Dans ce contexte, et sous sa forme désormais la plus courante : celle de l'homme en animal, la métamorphose apparaît doublement coupable. D'abord elle met en cause la séparation des espèces voulue par Dieu, ensuite elle constitue une régression infamante et scandaleuse, l'expression de la bestialité qui persiste en l'homme, prête à resurgir au moment même où il s'affirme hors d'elle et contre elle. En ce sens, elle ne peut être que l'œuvre du démon. C'est aux xvie et xviie siècles que la lycanthropie connaît son "âge d'or". Dans les campagnes se multiplient les apparitions de loups-garous, hommes métamorphosés en loups qui dévorent les enfants. Accusés de sorcellerie, les coupables sont jugés et généralement brûlés. Ce qui n'empêche pas les démonologues, experts en possession et exorcisme, de se diviser sur la nature de ces phénomènes. Pour beaucoup d'entre eux, seul Dieu détient le pouvoir de métamorphoser (comme celui de créer), pouvoir dont il n'use pas en principe : ce serait en effet mettre en cause le cloisonnement des espèces. À ce titre, l'épisode biblique du châtiment de Nabuchodonosor est un sujet de controverse pour les théologiens. Si Dieu seul peut se métamorphoser, qu'en est-il alors des loups-garous ? La réponse est que, si la métamorphose est bien l'œuvre de Satan, son pouvoir est déjà dégradé. Il ne peut métamorphoser à proprement parler, mais seulement en donner l'illusion, à la fois à celui qui se prend pour un loup et à celui qui le voit en loup. À titre de contre-exemple, on rapporte l'histoire de cette jeune fille changée en jument qui fut présentée à saint Macaire, lequel la vit, lui, bien en jeune fille ! Du mythe à la vision : la métamorphose comme fantasme La métamorphose comprise comme irruption de la bestialité qui est en nous ouvre des perspectives totalement nouvelles. Ni charlatans ni illuminés, les démonologues de l'âge classique, psychanalystes avant la lettre, rompent avec la métamorphose comme mythe, au profit de la métamorphose comme fantasme. Autrement dit, ils appliquent à la métamorphose la nouvelle définition du mythe : une chimère, une illusion. Peu importe que Satan soit l'instigateur de cette illusion. Ce qui compte, c'est que, désormais, la métamorphose sera perçue non comme une réalité, mais bien comme une "vision". Vision extérieure, et pour ainsi dire sociale, d'abord : la métamorphose n'est jamais que la transformation... Du regard de l'autre ! Ainsi, à la fin de Riquet à la houppe (1697) de Charles Perrault, une parole prononcée par la Princesse suffit à transformer Riquet le laid, le difforme, en un merveilleux Prince Charmant. Mais comme le précise facétieusement un peu plus loin l'auteur lui-même : "Quelques-uns assurent que ce ne furent point les charmes de la Fée qui opérèrent, mais que l'amour seul fit cette métamorphose." Mais, du regard d'autrui qui, dans le merveilleux de l'âge classique, situe la métamorphose sur le plan social (entendu au sens large), on ne tarde pas à passer, avec le fantastique romantique du xviiie et surtout du xixe siècle, au regard sur soi, qui va faire de la métamorphose une véritable expérience intérieure. L'expression de nos moi multiples, l'incarnation de nos pulsions De Nerval à Kafka, de Maupassant à Lautréamont, de Gautier à Poe, la métamorphose obsède en effet la littérature fantastique du xixe siècle et au-delà. Mais les dieux sont morts et il n'est même pas certain que Satan ait ici un autre rôle à jouer que celui de "simple" révélateur. Se métamorphoser, ne serait-ce pas en effet, selon la célèbre formule de Nietzsche, "devenir ce que l'on est", pour le meilleur ou pour le pire ? La métamorphose... Relèverait de ce que la psychanalyse nomme "passage à l'acte", autrement dit d'un changement de plan : du mot à la chose, de l'esprit à la matière. De Nerval à Kafka, de Maupassant à Lautréamont, de Gautier à Poe, la métamorphose obsède en effet la littérature fantastique du xixe siècle et au-delà. Mais les dieux sont morts et il n'est même pas certain que Satan ait ici un autre rôle à jouer que celui de "simple" révélateur. Se métamorphoser, ne serait-ce pas en effet, selon la célèbre formule de Nietzsche, "devenir ce que l'on est", pour le meilleur ou pour le pire ? La métamorphose... Relèverait de ce que la psychanalyse nomme "passage à l'acte", autrement dit d'un changement de plan : du mot à la chose, de l'esprit à la matière. Ce que la métaphore opère dans le langage (je suis comme un loup : comparaison ; je suis un loup : métaphore), la métamorphose le réaliserait dans la vie concrète : je suis (animal, sauvage, carnassier, etc.) comme un loup (fantasme) ; je suis un loup-garou (métamorphose). Cette confusion fait basculer la métamorphose dans le champ de la pathologie mentale, où le Horla de Maupassant côtoie le Zelig de Woody Allen (voir encadré). Libération ou aliénation, révolte ou folie, la métamorphose "moderne" apparaît alors comme l'expression immédiate, concrète, physique, matérielle, de nos moi multiples et souvent conflictuels, la manifestation, l'extériorisation, l'incarnation directe et littérale de nos pulsions refoulées. Le cas de Docteur Jekyll et Mister Hyde (ou de leurs doubles parodiques au cinéma : Docteur Jerry et Mister Love) nous en offre une illustration exemplaire. Dès lors, une interrogation surgit, propre à l'univers fantastique qui, à la différence du merveilleux, se nourrit de doute et d'incertitude : la métamorphose est-elle réelle ou imaginaire ? On l'a vu avec Riquet. On y revient dans la nouvelle de Kafka La Métamorphose (1915) : Grégoire Samsa s'est-il réellement transformé ou fait-il un cauchemar ("Un matin, au sortir d'un rêve agité, Grégoire Samsa s'éveilla transformé dans son lit en une véritable vermine.") ? Ou encore, n'est-il un cancrelat qu'aux yeux des autres ? La réponse, on le sait, ne nous sera jamais donnée. C'est que le métamorphosé n'apparaît pas comme fondamentalement "autre", qu'il n'a même peut-être jamais été autant lui-même. Tout se passe en définitive comme si la métamorphose était depuis toujours inscrite dans le destin, dans le nom (Daphné transformée en laurier, qui se dit en grec... Daphnê !), dans le caractère ou l'inconscient. Comme si nous nous trouvions moins en présence d'une transformation que d'une révélation. Et si on ne se métamorphosait jamais qu'en soi-même ? Si la métamorphose n'était autre que la réponse, ambiguë, à l'éternelle question de l'identité, telle qu'André Breton la formule au début de Nadja (1928) : "Qui suis-je ? Si par exception je m'en rapportais à un adage : en effet pourquoi tout ne reviendrait-il pas à savoir qui je hante ? Je dois avouer que ce dernier mot m'égare, tendant à établir entre certains êtres des rapports plus singuliers, moins évitables, plus troublants que je ne pensais. Il dit beaucoup plus qu'il ne veut dire, il me fait jouer de mon vivant le rôle d'un fantôme, évidemment il fait allusion à ce qu'il a fallu que je cessasse d'être, pour être qui je suis." La métamorphose et les sciences La psychanalyse, on le voit, a contribué à réactualiser le mythe de la métamorphose. Elle l'a transformé en une expérience intérieure, l'extériorisation des pulsions et fantasmes, orientation déjà nettement amorcée tout au long du xixe siècle, bien avant les découvertes de Freud. Mais surtout, elle a donné à cette interprétation à la fois une assise théorique et une caution scientifique. Quant aux sciences exactes, leur rôle est complexe et peut-être contradictoire, car elles sont à la fois grandes destructrices et grandes pourvoyeuses de mythes. Par leurs explications rationnelles, elles ont banalisé la plupart des métamorphoses naturelles, y compris celles de l'homme, en en dévoilant les causes, le processus et les conséquences. Elles ont également, par leurs expérimentations, donné corps et réalité à d'archaïques fantasmes : pas de changement de sexe sans chirurgie, ni de duplication parfaite sans manipulations génétiques. Cette vision d'une science tueuse d'imagination est cependant réductrice. N'oublions pas d'abord que, pour les peuples antiques ou primitifs, le mythe ne relève pas de l'imaginaire, mais bien de la réalité la plus concrète. Par ailleurs, au moins par les techniques qu'elles ont suscitées, les sciences ont permis de donner à voir des métamorphoses nullement réelles, contribuant ainsi largement à la régénération du mythe. Les extraordinaires transformations dans Terminator 2, par exemple, s'inscrivent dans une tradition qui remonte, au moins, aux machines rudimentaires du théâtre baroque. Enfin, découvrant des contrées inconnues, elles ont ouvert des voies insoupçonnées : la robotique (2001 : l'Odyssée de l'espace de Arthur C. Clarke et le thème inépuisable de l'homme-machine), la génétique (La Ruche d'Hellstrom de Frank Herbert et les mutations génétiques), l'informatique même (le monde virtuel de Matrix), disciplines ou domaines naturellement ignorés des Anciens, ont ainsi, dans la science-fiction littéraire et cinématographique, permis au mythe de la métamorphose de se prolonger. L'art, le grand métamorphoseur Mais, dans la science-fiction, la fiction garde la prééminence : la science ne saurait produire des mythes sans son interprétation par l'art. Non seulement les métamorphoses nous environnent, mais nous sommes nous-mêmes, de l'œuf fécondé à la décomposition du cadavre, les objets d'incessantes métamorphoses. Si celles-ci sont parfois source de plaisir ou de bonheur, la plupart du temps nous nous efforçons de nous adapter à ces formes nouvelles qui ne manquent pas, chaque fois, de nous surprendre en nous laissant maladroits et sans réaction. Dans cette quête permanente de nous-mêmes, ces métamorphoses obligées et qui nous dépassent nous apparaissent, le plus souvent, comme le rappel lancinant de notre fragile humanité, de notre hésitante identité. À l'inverse, les métamorphoses que l'artiste met en œuvre sont, elles, volontaires, maîtrisées. Elles constituent plus qu'un thème, plus qu'un mythe même. Non seulement il y a des métamorphoses dans l'art, mais l'art n'est fait que de métamorphoses, l'art est LA métamorphose, cette seconde création, ce rêve prométhéen, démiurgique, de tout homme : recréer le monde, se rendre maître du branle universel, se faire, à son tour, le grand Métamorphoseur. Comme l'écrit Henri Michaux (1899-1984) dans son livre au titre significatif, Passages (1963) : "Faire éclater la création. Voilà enfin une idée pour plaire à l'homme : notre réplique à la Genèse. Enfin une idée diabolique." http://www.cndp.fr/revuetdc/847-65926.htm |
|